Article rédigé pour IIRHD
Le terme utilisé mérite un point d’attention. Il provient de l’anglais et signifie littéralement “se consumer, brûler complètement”. Métaphoriquement, la personne en burnout “se consume de l’intérieur”. Elle s’épuise tant physiquement, émotionnellement que mentalement.
L’organisation mondiale de la santé le décrit comme “un syndrome qui résulte d’un stress chronique lié au travail”.
Cette définition nous permet de souligner que le burnout n’est pas envisagé comme une maladie mais comme une conséquence psychosociale de l’organisation du travail dans notre société industrialisée.
Le terme “chronique” montre qu’il y a un déséquilibre sur le long terme (plus de 6 mois) entre le domaine professionnel qui est surinvesti et les autres domaines de vie. Le burnout s’installe lentement, progressivement et insidieusement.
Dans un premier temps, la personne met en place des stratégies afin de gérer le stress quotidien vécu dans son emploi. Petit à petit, elle puise de plus en plus dans ses ressources internes. Le burnout se déclare lorsque ses stratégies ne suffisent plus et qu’elle n’arrive plus à récupérer. L’équilibre est alors rompu, c’est l’épuisement et la perte de sens.
Ce syndrome se caractérise notamment par trois dimensions:
- un sentiment de manque d’énergie ou d’épuisement extrême qui devient chronique,
- un retrait vis-à-vis du travail ainsi que des sentiments de négativisme ou de cynisme liés au travail.
- un sentiment de perte d’efficacité professionnelle. La personne se sent inefficace et se dévalorise, ce qui affecte tant la confiance que l’estime de soi.
En parallèle à ces trois caractéristiques, il y a également une myriade de symptômes possibles en lien avec le burnout que ce soit sur les plans comportementaux, psychologiques et physiques. Il est important de se rendre compte que ce syndrome impacte l’ensemble des niveaux de vie de la personne. Même si cela émane de la sphère professionnelle, c’est un épuisement généralisé.
Parmi les symptômes psychosomatiques, on retrouve des troubles du sommeil, des tensions musculaires, des douleurs corporelles, des troubles d’appétit, des maux de têtes, des vertiges, des palpitations cardiaques, une prise de poids, des troubles gastro-intestinaux, des troubles de la sexualité, etc.
La personne peut ressentir des problèmes d’attention et de concentration, des troubles de la mémoire ainsi que des difficultés à prendre des décisions. Sur le plan comportemental, elle peut devenir plus irritable et agressive, faire preuve d’indifférence voir de cynisme, développer un manque d’empathie et de compassion, avoir des problèmes d’addiction, etc.
Le stress chronique, l’anxiété, l’épuisement émotionnel lié au burnout peuvent amener à un réel état de dépression. Il est d’autant plus important de faire attention au diagnostic et ne pas le confondre avec un trouble de l’humeur. Même si les symptômes sont semblables, l’origine n’est pas la même et donc les solutions à mettre en place devront être envisagées sous un prisme différent.
Les causes du burnout sont nombreuses et complexes en lien avec des facteurs sociétaux, des facteurs liés au travail ainsi qu’à l’individu. On peut certes mettre en exergue un trop grand investissement de la personne dans son emploi mais pas seulement. Il y a également des causes intrinsèquement liées à l’organisation du travail en lui-même comme des conditions de travail difficiles ou des relations compliquées avec des collègues ou des supérieurs hiérarchiques. La pression au travail, une surcharge de travail, une trop grande charge émotionnelle sont des causes à ne pas sous-estimer.
Même si on peut tous être touché par le burnout, les personnes perfectionnistes, s’impliquant énormément dans leur travail, ayant des difficultés à déléguer ou encore ayant de hauts critères d’efficacité personnelle y seront plus sensibles.
La situation sanitaire actuelle liée à la Covid-19 est un facteur de risque facilitant le déclenchement d’un burnout. Elle nous demande en effet d’activer plus activement nos capacités d’adaptation ( notamment avec le télétravail) et modifie notre relation au travail. Elle engendre également de grosses répercussions au niveau économique. Les mesures mises en place entraînent une diminution des contacts sociaux, du soutien social et des loisirs qui sont pourtant des facteurs de protection. Il y a donc un renforcement du déséquilibre. Certains types de professionnels comme ceux de la santé ont, de plus, une charge de travail plus importante. Cela nous amène à faire beaucoup d’efforts d’ajustement et à faire preuve de résilience. Le taux de burnout est en train d’exploser. On parle également d’un nouveau phénomène : l’épuisement pandémique qui est lié au déséquilibre provoqué par la pandémie dans nos différents domaines de vie.
Le burnout, c’est avant tout une responsabilité d’ordre sociétal. Notre modèle de société actuel est axé sur la performance et le quantitatif au détriment du sens, du qualitatif et de nos besoins intrinsèques. Elle surinvestit le travail comme étant la valeur ultime au détriment de la relation à l’autre et nous pousse vers l’isolement et la solitude. Nous sommes dans un stress constant et destructeur à long terme. Une remise en question de l’organisation du travail dans notre société contemporaine semble donc indispensable. Il est plus que nécessaire d’améliorer les conditions de travail et mettre en place des actions de prévention.
Sortir d’un syndrome d’épuisement professionnel passe par la possibilité de prendre du temps pour soi. C’est un travail personnel sur le sens qui amène souvent à une remise en question identitaire, notamment axé sur notre identité professionnelle. Il faut donc accepter de prendre ce temps de reconstruction.
D’un point de vue pratique, l’arrêt de travail est vivement recommandé. Il est également conseillé de se reposer, manger sainement, retrouver une activité physique ainsi que des activités qui nous nourrissent psychiquement. Un travail d’accompagnement avec un professionnel en relation d’aide facilite aussi ce travail de reconstruction.
Le retour au travail pourra ensuite se faire de manière adaptée accompagnée si possible d’une réflexion commune avec l’employeur afin d’éviter une récidive.
Rébecca Saintes
Psychologue clinicienne
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Références
Conseil Supérieur de la Santé (2017). BURNOUT ET TRAVAIL. CSS N° 9339, SEPTEMBRE 2017.