Article rédigé pour IIRHD
Les comportements que nous avons à l’âge adulte sont souvent créés ou influencés par des événements que nous avons vécu dans notre passé. À partir d’une expérience, nous allons construire une croyance (ou un groupe de croyances). Cette croyance pourra être une ressource dans notre vie ou un frein. Dans ce dernier cas, nous dirons alors qu’elle est limitante.
L’évènement à la base de ces croyances est appelé “empreinte”. (Robert Dilts, 1990, 2006).. C’est donc l’expérience source.
La théorie de l’empreinte est issue entre autres des recherches de Konrad Lorenz (1935). Ce dernier a observé le comportement de Canetons dans leur processus d’attachement ainsi que l’influence de ce processus dans leurs comportements sexuels à l’âge adulte.
Les recherches sur l’attachement chez l’être humain montrent que les liens affectifs durant l’enfance sont déterminants dans le processus de développement, notamment sur le plan de l’apprentissage, de la mémoire, de la communication et de la socialisation. C’est d’ailleurs un aspect de plus en plus mis en évidence dans la gestion du stress et dans les processus de résilience (Cyrulnik, 2019, 2020; Nelle and co, 2005).
Les empreintes peuvent être des expériences positives mais également être traumatiques. Elles se construisent et s’impriment majoritairement à des périodes neurologiquement critiques, périodes spécifiques et sensibles au développement de certains apprentissages (comme le langage, la vision, l’ouïe, etc.).
Elles sont à l’origine de croyances et ont également une grande influence sur le développement de notre identité et de notre personnalité. En somme, notre passé influence l’adulte que nous sommes aujourd’hui.
Selon Robert Dilts (1990, 2006) , notre personnalité adulte est composée « d’un amalgame de différents rôles dans lesquels nous avons grandi ». En d’autres termes, nous avons modélisé les personnes importantes de notre passé comme les figures parentales et l’entourage proche. Nous nous sommes imprégnés consciemment et inconsciemment de leur mode de fonctionnement, de leur style d’attachement, de leur histoire. Nous avons tendance à reproduire certains schémas familiaux ou, au contraire, vouloir nous en éloigner.
La technique de réempreinte de Dilts (1990, 2006) se base sur l’idée qu’il est possible d’accéder au contenu de l’empreinte et de la ré-imprimer. On travaille alors avec la réalité subjective de la personne afin de transformer son récit autobiographique.
Le but de cette technique est de nous donner plus de choix dans la manière dont nous pensons à l’expérience d’empreintes anciennes. Elle aide ainsi à changer les croyances limitantes que nous avons fabriquées à propos de nous-même, du monde, de nos rôles et modèles de vie.
Un des points forts de cette technique est qu’elle prend en compte l’aspect systémique dans lequel l’empreinte s’est formée ainsi que les relations au sein de ce système.
Surtout, n’oublions pas que nous ne nous résumons pas à nos expériences passées. Nous sommes remplis de ressources. Nous sommes complexes et singuliers.
Rebecca Saintes
Psychologue clinicienne
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Source :
Cyrulnik Boris (2020). La mémoire traumatique. Formationpsy.
Cyrulnik Boris and co (2019). Cyrulnik et la petite enfance. Philippe Duval Éditions.
Dattilio Frank M (2012). Le rôle des schémas en thérapie cognitivo-comportementale. Dans Thérapies cognitivo-comportementales pour les couples et les familles, pages 89 à 117.
Dilts Robert and co (1990). Croyances et Santé. La méridienne.
Dilts Robert (2006). Changer les systèmes de croyances avec la programmation neuro-linguistique. Interdictions.
Nelle Françoise, Lostra Françoise (2005). L’attachement. De Konrad Lorenz à Larry Young : de l’éthologie à la neurobiologie. Dans Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux 2005/2 (no 35), pages 83 à 97.